
Livre reçu en Service de presse après avoir été sollicité par l'éditeur Moisson Rouge
... Parce que seules les envies comptent
A ma droite, Désirée. A ma gauche, Benny. Ils se croisent souvent, assis sur le même banc d’un cimetière en se toisant du regard. L’une est veuve, l’autre vient fleurir la tombe de sa mère. L’une est lettrée, bibliothécaire, l’autre est agriculteur, un peu abrupt. Pourquoi se regarderaient-ils, se comprendraient-ils… s’aimeraient-ils ? Pourtant, il suffira (d'un signe) d’un sourire en coin, chacun, pour que contre toute attente le coup de foudre les traverse de part en part. Mais tout n'est pas si simple...
D’abord luttant contre cet irrépressible sentiment, Désirée s’avouera vaincue, conquise avec toujours ce petit « mais » au coin des lèvres… Tandis que Benny, lui, tentera de ne pas être tout à fait lui-même sans faire fi de ses origines, son esprit volontaire, sa simplicité… Une lutte de classe ? Plutôt une chute de place où chacun devra tenter d'aller vers l'autre, de trouver sa place dans leur histoire, d'aller à l'encontre de ses préjugés pour comprendre sans se renier. On joue au chat et à la souris dans « Le mec de la tombe d'à côté ». Chacun se renvoie la balle dans ce ping-pong bien troussé d'un chapitre à l'autre, où les sentiments simples et les questions existentielles s'entremêlent, passant de la confusion à la réalité de choses, du rêve de bonheur aux chocs de cultures, et du complexe de supériorité au pragmatisme de la vie à deux. Chacun tentant à sa façon de convaincre l'autre d'entrer dans son univers.
Le lecteur ne sait pas qui a(ura) raison et il s'en fiche un peu. Il se laisse bercer (berner ?) par l'histoire de Désirée et de Benny qui se cherchent, se trouvent, se découvrent, s'amadouent, se rejettent... Dans ces sentiments en montagnes russes et dans ces luttes de chaque instant, il y a l'universalité des relations amoureuses avec leurs plaies et leurs sourires béats. C'est dans ces lectures-là que l'on retrouve un peu de son âme de midinette rêveuse ou d'indécrottable défaitiste. Chacun y va de sa propre histoire, c'est sans doute pour cela que ce livre est un tel succès planétaire. Tout s'explique.
Allez, qui aura fait appel à un plombier, un peintre, un électricien ou encore à un maçon sans cette petite boule dans le ventre, plus communément nommée inquiétude latente, à l’approche de la catastrophe, des angoisses et autres consternations à venir ? Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit dans le roman-autobiographique de Jean-Paul Dubois. Dès la mise en garde de la première page du livre, l’auteur annonce la couleur : il se met en scène, il change les noms des héros et la chronologie, mais ne travestie plus rien de la réalité à venir… Juste le temps de permettre au cauchemar de commencer.
Et pourtant tout débute de façon idyllique pour monsieur… Tanner. Il hérite en effet d’une bicoque d’un oncle éloigné. De lourds et coûteux travaux à effectuer, la revente de son actuelle maison à mettre en route, et tout devient possible pour rejoindre son palais qui va devenir celui des 1001 emmerdements dont il ignore encore tout. Déboulent alors chez lui les artisans… du désastre. Des installations, des réparations… du n’importe quoi au lamentable, les protagonistes s’en donnent à cœur joie pour rivaliser dans la folie propre à vous en glisser massivement dans votre bras en intraveineuse survitaminée. Tour à tour inconscients, incompétents, pieux, voleurs, menteurs, lymphatiques, grotesques, arnaqueurs, les bricolos du dimanche mettent du cœur à l’ouvrage pour tenter de convaincre le valeureux propriétaire que la catastrophe est impossible, ou qu’elle n’a aucune importance malgré les faits incontestables. Forcément, on est tenté de rire (jaune) aux élucubrations de ces professions qui recèlent de mauvaise foi. On s’accable des malheurs de monsieur Tanner. On compatit à son calvaire tendance chemin de croix qui tendrait vers une Lumière lointaine et hypothétique… On s’affole, aussi, ou on baisse les bras en s’imaginant ou en se remémorant nos propres aventures domestiques. Après avoir lu Vous plaisantez, monsieur Tanner, plus personne ne pourra faire appel à un plombier sans en avoir la chaire de poule.