lundi 17 octobre 2016

« Juste la fin du monde » de Xavier Dolan

Déçu. Très. Quand je vais voir « Juste la fin du monde » de Xavier Dolan, c’est avec en tête son précédent et éblouissant film, « Mommy ». J’y vais cependant un peu à reculons, le casting maousse costaud pour les uns est pour moi, a priori, rien de moins qu’inquiétant. Et comme je le craignais, je déchante dès les premières vingt minutes. Une gêne incroyable. Vincent Cassel hystérise, Léa Seydoux feint (mal) l’ado qu’elle n’est plus, Marion Cotillard bredouille avec un insupportable tic qui devient technique de jeu… Nathalie Baye sauve un peu les apparences, quoique, tandis que Gaspard Ulliel tire son épingle du jeu en étant le silencieux de service, ce héros. Alors quoi ? Chacun joue sa partition dans son coin. Puis, je n’ai pas compris. Pourquoi tout ça, pourquoi cette hystérie, pourquoi ces règlements de compte ? Pourquoi ce retour à OK Corral? Il n’y a pas de clé(s) qui nous permettent de nous installer dans cette famille qui s’est détruite d’une absence de 12 ans. Des explications ? Non. Un coup de téléphone énigmatique. Des promesses faites, mais on ne sait pourquoi. Au final, l’impression d’acteurs un brin perdus malgré une mise en scène, qui là, ne souffre d’aucune approximations. Gros plans et regards fulgurants. Poésie. Le temps qui passe. La scène de la voiture avec Cassel-Ulliel oscille et hésite entre perfectude et la consternation. Bizarre. Et je me suis dit qu’en fait, c’est un film « américain » avec ses affects, ceux de tout au fond, qui nous échappent, à nous Européens. Et flanquer là-dedans des Français, il y avait dès le départ comme un non-sens, comme un univers d’écart. Oh, je sais, on aurait pu se dire qu’être acteur, c’est se mettre dans la peau de n’importe qui. Qu’un réalisateur avec ce talent inouï… Ben non, pas là, à cet instant précis, pendant 95 minutes. Déçu. Très.

vendredi 19 février 2016

"Printemps 76" de Vincent Duluc - Edtions Stock


Je viens de finir « Printemps 76 » de Vincent Duluc, journaliste à L’Equipe de son état. C’était un étrange voyage. A Saint-Etienne. Là où le foot français a commencé à sortir de sa torpeur et de son indigence dans laquelle il était plongé depuis 1958 quand l’équipe de France de foot atteignit la 3ème place de la Coupe du Monde. Saint-Etienne, donc. Là où rien que le nom résonnait dans ma tête de ...jeune footballeur de 8-9 ans plein de rêves de victoires. En Seine-et-Marne. Jouer à être plus que de raison Curkovic, Bathenay, Lopez, Piazza, Larqué, Rocheteau, Revelli, Janvion… Ce livre, c’était un voyage au pays de mon enfance où je ne voyais de feu Roger Rocher qu’un gars qui fumait sa pipe, d’Herbin un type mystérieux, mutique et qui faisait un peu peur. Un peu hautain, aussi. Je n’ai jamais mis les pieds à Saint-Etienne, mais j’ai toujours eu cette envie folle de trôner sur les bancs ou le kop de Geoffroy-Guichard. Et de vibrer, retrouver les saveurs douces d’une insouciance, de supporter et de faire vivre mes envies d’ailleurs. Loin. Vincent Duluc a réveillé tout ça. Son récit de jeune gars du coin est rudement nostalgique, direct, franc. Il a vu tout ça. Il a vu la ville grandir, son stade bouillir dans sa vie d’ado. Il a aussi voulu partir pour sans cesse y revenir. En journaliste sportif. Plus tard. Cette autobiographie en creux distille des portraits émouvants et parfois sans pitié d’une faune footballistique mêlant joueurs, dirigeants et un public acquis toute à la cause d’un club qui ira le 12 mai 1976 en finale de ce que l’on appelait alors la Coupe des clubs champions, contre le Bayern de Munich de Franz Beckenbauer. Une finale perdue. Une finale qui sera un titre de gloire indélébile. Bien sûr, Saint-Etienne en 1976, le football, ça ne dira pas grand-chose aux plus jeunes… Mais peu importe. « Printemps 76 » est comme un marque-page d’une vie qui expliquerait sans doute un peu qu’un maillot du club traine encore dans mon armoire, et que chaque week-end, les premiers résultats que je scrute, ce sont ceux de l’Association sportive de Saint-Etienne.