vendredi 19 novembre 2010

"Prière de laisser ses armes à la réception" de Daniel Fohr - Editions Robert Laffont



On se laisse vite séduire par le style de Daniel Fohr. Publicitaire de son état, il a la plume facile, vive, alerte, drôle... Une bénédiction pour la mise en scène du personnage principal de son roman : le nouveau propriétaire d'un petit hôtel qui ne paie pas de mine. Ni palace, ni taudis, il voit tourner les clients de différentes nationalités dans une chorégraphie qui se résume à "je rentre-je sors". Dans ce Vaudeville hôtelier, le patron est le narrateur privilégié de son indifférence et de son recul, posant un regard affûté sur ses clients d'un jour ou d'une semaine. Parce que ce proprio n'a pas de bol, il a racheté l'affaire à un duo curieux de... Corses. Il a retrouvé, planqué, un étrange cahier de chiffres qu'il a préféré brûler. Les ennuis ne sont plus très loin.

Et là, Daniel Fohr est... fort. Il sait manier la formule, triturer les angoisses. Les irraisonnables comme les irraisonnées. Le lecteur balance entre comédie policière noire et oppression paranoïaque à tendance claustrophobe sur fond de références cinématographiques omniprésentes. Son "héros" a la trouille d'être la victime de tueurs à gages tout en dirigeant son hôtel comme une sorte de camp retranché. Visiblement pas fait pour ce monde qu'il découvre cruel, il navigue dans son histoire la tête embuée par les nuits courtes, au gré des rencontres iconoclastes et parfois, amoureuses. Le lecteur se sent bien dans cette histoire drôle, même si on peut regretter sur le dernier quart du livre un soudain sérieux qui tranche avec cette ambiance un peu foutoir, mais finement décrite. Un bon moment deux étoiles tout de même.



Chronique réalisée dans le cadre de l'opération Babelio Masse critique