J’ai adoré ce film qui attaque au lance-flammes ces sociétés
scandinaves que l’on nous montre le plus souvent comme des exemples en Europe.
Exemple de tolérance, d’accueil, d’esprit d’ouverture ? Pas si simple. Et pas
si rose. Tout comme la littérature policière du coin qui bat en brèche le plus
souvent l’eldorado social et la mixité, les relations humaines et familiales,
et l’idée même de la liberté de tout un chacun. The Square s’attaque à tout,
tranquillement, laissant des mines anti-personnelles partout sur le chemin. Il
n’y a plus qu’à marcher dessus. L’art omniprésent, qui plus est contemporain,
n’est là-dedans qu’un prétexte. Parce qu’au final quoi de plus clivant, de plus
arrogant, de plus excluant, de plus destructeur de l’égalité rabâchée ? Tout y est.
Décortiqué, c’est selon, soit à la hache, impitoyable, soit par petites
touches, un détail : le monde du travail, la place des enfants dans la société
(et l’entreprise, oui) les relations hommes-femmes, le sexe (cette scène
incroyable et poilante), la capitale contre la banlieue, les riches contre les
modestes (j’ai cru voir Chaplin dans un Roi à New York), les lettrés contre les
« animaux », les « hors-jeux » et même la publicité (aaaaaah cette réponse au
brief par le duo commercial-créatif). Puis, cette scène incroyable de la
conférence de presse (je ne vais pas spoiler) me semble l’essence même du film
et des paradoxes qu’il s’escrime à pointer du doigt. Là où ça fait vachement
mal quand la plaie est à vif. The Square a été récompensé par la Palme d’Or à
Cannes. Je ne sais pas si cela est mérité ou pas. En tout cas, il y a ceux qui
au sortir de la salle ont trouvé ça « insupportable ». J’ai trouvé « ça »
gonflé, chirurgical, drôle, flippant, gênant, asphyxiant, beau (toujours cette
lumière scandinave si tant tellement cinématographique), percutant, sauvage et
ovniesque. Tout ce que je demande à un film.
lundi 23 octobre 2017
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