mercredi 14 mars 2012

"Open bar" de Benoît Schmider - Steinkis éditions



Benoît Schmider, ex publicitaire talentueux, a sombré. A pic. Irrémédiablement. Etudiant, expatrié, jeune adulte puis, donc, jeune publicitaire, il a trimballé sa bonne humeur et sa connerie à coups de substances alcoolisées qui l'ont détruit. C'est la trame de ce très court récit qui se lit d'une gorgée, pas même le temps entre un apéritif et un digestif.

Parce que l'auteur ne se ménage pas lorsqu'il raconte sa dérive. Branleur inconscient, il porte un regard lucide, sans glaçons, sur son naufrage. Entre les potes, les filles, les soirées et un métier qui n'est plus qu'un prétexte, et ne devient par là même que la rampe de lancement d'une noyade annoncée, l'auteur reprend le fil de sa courte vie de Publicitaire en brossant une carte des vains qui n'est plus qu'un autoportrait seulement quelques fois drôle, mais le plus souvent pathétique. En effet, le lecteur peine toute de même à sourire. C’est bien connu, le saoul se marre bien plus que le sobre qui n’y comprend rien. Pas dans le mood.

Sur fond de tout petit Pouvoir et de fric en cascade (Benoît Schmider est alors devenu quelqu'un d'important dans son métier), c'est l'aventure d'un homme bien seul, dont les spectateurs un peu vautour assiste à la chute. Ce livre est un troublant témoignage pour les estomacs délicats, non pas seulement parce qu'il narre la descente aux Enfers de quelqu’un pris dans les démons de l'alcool, mais parce qu'il dresse aussi, en creux, le portrait guère flatteur d'un univers professionnel dans lequel je navigue moi-même depuis plus de dix ans.