mardi 21 octobre 2008

"Le fait du prince" de Amélie Nothomb - Editions Albin Michel

Le troisième. C’est seulement le troisième roman que je lis d’Amélie Nothomb. Je suis passé de son premier, Hygiène de l’assassin au moment de sa sortie en poche, à Ni d’Eve ni d’Adam, sorti en septembre 2007. Une lecture qui m’avait d’ailleurs agréablement surpris, j’en avais parlé . Donc, ce nouvel opus, Le fait du prince ?

Baptiste Bordave s’emmerde. Dans son travail, dans sa vie, dans son corps… Ces riens qui l’accablent et le réduisent au silence prostré, sans qu’il se rende tout à fait compte de sa capitulation d’homme. Le salut viendra, un jour, de la sonnerie de son interphone. De l’entrée d’Olaf Sildur dans son appartement et de l’effondrement de celui-ci alors qu’il cherchait à passer un coup de fil chez Baptiste afin de soit disant faire réparer sa voiture en panne. Ce cadavre-là, miraculeux, devient une exquise porte de sortie, le prétexte à une nouvelle vie et à l’échappatoire… Baptiste devient Olaf. Bordave se transforme en Sildur. Il s’empare de l’identité du visiteur d’un jour pour devenir un nouvel homme, riche, au mystérieux métier et heureux propriétaire d’une villa à Versailles dans laquelle vit celle qu’il surnommera Sigrid.

Amélie Nothomb fait ici fi de la vraisemblance, de la logique qui voudrait que les regrets et les remords taraudent l’humain. L’auteur nous entraîne au contraire dans une fable épicurienne ou se mêlent champagne et plaisir des instants à vivre. Maintenant. Tout de suite. De cet éloge de la paresse et du temps qui passe, il reste le plaisir grisant et parfois rare d’une bulle évanescente qui flotte dans l’air, portée par le bruissement léger d’un souffle protecteur. On y pense, on savoure l'instant de la lecture le sourire en coin, envieux, puis on oublie.