
Cela pourrait être une journée comme les autres. A Londres, un matin... Lui, designer branchouille, friqué, drogué aristocratiquement et doté de la suffisance nécessaire pour considérer les Autres comme des moins que rien, a le réveil en fanfare. A son interphone, un certain Monsieur Kitchen vient lui racheter une voiture d'occasion. Le ton d'abord poli, mais sec, vient ensuite vite à monter en digression politico-sociale pour déraper sur... le meurtre de Monsieur Kitchen. Le temps d'émerger et de mettre le cadavre dans le coffre de la voiture et les ennuis peuvent (enfin) commencer...
Avec un sujet de départ aussi tonitruant et un humour anglais inimitable, on se croit sur les rails d'un livre qui va vous emporter sans coup férir vers un bon moment de lecture sans prise de tête. Ce n'est pas tout à fait vrai. Car même si le narrateur prend à témoin et interpelle le lecteur tout au long du livre de façon vive et amusante, les aventures rocambolesques du designer dans le rôle de l'arrogant qui cherche coûte que coûte à se débarrasser du corps de Monsieur Kitchen sont avant tout très répétitives.
Dans la surenchère perpétuelle, l'histoire nous trimballe chez l'ex sur le point d'accoucher, nous présente des caïds aux petits pieds, dresse un portrait peu flatteur de parents pot de colle ou stagne sur la recherche des employés insaisissables du designer. Reste à ajouter les accidents multiples et sanglants du designer et les invraisemblances qui accompagnent l'ensemble, et cette débauche d'inventivité scénaristique plombe une marche en avant qui peut parfois ressembler à une montée du col du Galibier en trottinette. D'autant, qu'au passage, le lecteur n'a pas d'empathie particulière pour ce meurtrier dépassé par les événements qui ne gère plus rien du tout, mais tente de s'en donner l'illusion pour s'en sortir. On trépigne un peu d'en finir avec ce personnage antipathique et ce livre qui aurait sans doute gagné à être un peu raccourci plutôt que tiré en longueur.