lundi 15 septembre 2008

"Qui comme Ulysse" de Georges Flipo - Editions Anne Carrière


Pas facile. Pas facile lorsque l’on est comme moi ni lecteur de nouvelles ni voyageur au long cours d’envisager la lecture des nouvelles en partance du recueil de Georges Flipo, Qui comme Ulysse. Pour être franc, sans l’existence du blog de l’auteur, la bonhommie et l’humour avec lequel il gère son endroit, je n’aurais sans doute jamais été intéressé par la sortie de son livre… la curiosité a décidé de faire le reste. Alors quoi ?

Et bien au commencement, cela a failli mal finir. Dès la huitième ligne de la première nouvelle lorsque je lis il avait encore dans le regard le désespoir de l’enfant, et déjà la rage de l’adolescent. Un malheureux cliché qui s’évapore toutefois au gré des pages d’un recueil souvent malin qui navigue d’une écriture sobre et directe vers les troubles et l’inventivité. J’ai en effet beaucoup aimé la nouvelle Un éléphant de Pataya et l’errance coupable du narrateur qui voit surgir la noirceur de son âme à la vue de nymphettes thaïlandaises ou encore Confiteria ideal, bijou de mythomanie qui voit se réunir en un même lieu des danseurs de tango ayant une petite idée derrière la tête. J’ai été meurtri par L’Île Sainte-Absence et amusé par l’impitoyable caricature d’Une incartade qui met en scène un groupe de femmes mariées qui partent ensemble, sans maris et enfants, aux sports d’hiver. J’ai aussi salivé à la lecture de la nouvelle qui donne son nom au livre Qui comme Ulysse et compatis aux bredouillements bloguesques d’un gardien de phare dans La route de la soie.

Manifestement, Georges Flipo s’amuse. Il s’amuse à plomber l’ambiance et à mettre au net les travers de personnages très enclins à foncer dans des murs qu’ils pensent invisibles. Des personnages qui s’égarent, qui sont à leur propre recherche en regardant les autres, ceux qui vivent, même mal. Des personnages qui s’enfoncent peu à peu dans leurs propres méandres, qui s’ingénient à subir, le plus souvent. Comme tout un chacun. Qui comme Ulysse, le recueil, s’adresse aux Etres humains, en fait, là où le dénominateur commun s'invite sur le mode interrogatif, en filigrane : le voyage intérieur n’est-il pas le vrai voyage ?


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