
Fils de notable, Rinri séduit peu à peu Amélie, à force de patience toute japonaise et de présence discrète. A la fois flattée, troublée mais aussi gênée, Amélie succombe à ses avances sans tout à fait lâcher la bride, sans s’abandonner véritablement, gardant cet infime degré de liberté et de lucidité qui lui murmure que quelque chose d’autre l’attend, ailleurs. A deux, ils travailleront, vivront et parcourront leur vie dans un ralenti serein fait de quelques non-dits, où la vie s’écoulera au rythme des saisons, des couleurs qui n’existent que là-bas et des envies. Pour son retour au Japon, Amélie retrouve ses sens qu’elle croyait jusque là endormis… Comme pour Proust et sa Madeleine, la narratrice voit ses papilles s’éveiller devant la nourriture japonaise et ses yeux s’émerveiller d’un pays qui lui a fondamentalement manqué. Perceptiblement, Amélie se (re)construit, s’isole, se confronte et prend conscience de son but ultime en comprenant qu’elle devra quoi qu’il en soit abandonner ce qui ne lui permettra pas d’être enfin ce qu’elle désire le plus au monde. Ni d’Eve ni d’Adam n’est ni un livre joyeux, ni un livre triste, il est de ceux qui trace les parcours, s’arroge le droit de ne pas convaincre, mais ressentir. Un livre à la fois léger et profond, qui se pose comme l’avis d’une future naissance. Celui d’Amélie Nothomb. Ecrivain.