mardi 5 janvier 2010

"Vous plaisantez, Monsieur Tanner" de Jean-Paul Dubois - Editions de l'Olivier


Allez, qui aura fait appel à un plombier, un peintre, un électricien ou encore à un maçon sans cette petite boule dans le ventre, plus communément nommée inquiétude latente, à l’approche de la catastrophe, des angoisses et autres consternations à venir ? Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit dans le roman-autobiographique de Jean-Paul Dubois. Dès la mise en garde de la première page du livre, l’auteur annonce la couleur : il se met en scène, il change les noms des héros et la chronologie, mais ne travestie plus rien de la réalité à venir… Juste le temps de permettre au cauchemar de commencer.


Et pourtant tout débute de façon idyllique pour monsieur… Tanner. Il hérite en effet d’une bicoque d’un oncle éloigné. De lourds et coûteux travaux à effectuer, la revente de son actuelle maison à mettre en route, et tout devient possible pour rejoindre son palais qui va devenir celui des 1001 emmerdements dont il ignore encore tout. Déboulent alors chez lui les artisans… du désastre. Des installations, des réparations… du n’importe quoi au lamentable, les protagonistes s’en donnent à cœur joie pour rivaliser dans la folie propre à vous en glisser massivement dans votre bras en intraveineuse survitaminée. Tour à tour inconscients, incompétents, pieux, voleurs, menteurs, lymphatiques, grotesques, arnaqueurs, les bricolos du dimanche mettent du cœur à l’ouvrage pour tenter de convaincre le valeureux propriétaire que la catastrophe est impossible, ou qu’elle n’a aucune importance malgré les faits incontestables. Forcément, on est tenté de rire (jaune) aux élucubrations de ces professions qui recèlent de mauvaise foi. On s’accable des malheurs de monsieur Tanner. On compatit à son calvaire tendance chemin de croix qui tendrait vers une Lumière lointaine et hypothétique… On s’affole, aussi, ou on baisse les bras en s’imaginant ou en se remémorant nos propres aventures domestiques. Après avoir lu Vous plaisantez, monsieur Tanner, plus personne ne pourra faire appel à un plombier sans en avoir la chaire de poule.