Il n'y a pas que ma perception des choses qui compte. Alors j'ai demandé à Betty Poulpe d'être l'invitée permanente de ce blog. Désormais, elle y interviendra quand bon lui semblera. Et cela commence aujourd'hui. -DesMurmures-
La guerre d’un côté, le terrorisme de l’autre. Pourquoi dès lors faire le rapprochement entre ces deux films qui n’ont en commun que l’horreur et dont les sujets sont différents ? Parce que précisément chaque réalisateur a traité de façon très opposée les horreurs de ce monde et au final on retrouve toute la difficulté d’appréhender et de restituer une histoire si contemporaine qu’elle était aux actus d’avant hier.
Le Royaume, comme le souligne DesMurmures (ici), c’est une grande claque, le principe de réalité dans la gueule, sans concession mais sans exagération, une sobriété absolue de la première à la dernière minute et dans le jeu des acteurs et dans les actions (même les artificiers se sont retenus, c’est dire). Après, on a mal au ventre, la nausée, la trouille. En revanche avec le Paul Haggis, au final, mieux vaut évacuer la dimension politique et s’attacher à la quête du père, et à ces vies brisées par le conflit, le regarder comme un drame et non comme un film sur la guerre. En effet, autant Berg est pertinent dans sa démonstration et touche dans le mille, autant Haggis rate la cible à cause d’un angélisme mal venu. Qui peut croire que ce père (nous, spectateurs ?), ancien du Vietnam, tombe de haut en constatant que son fiston et ses camarades de chambrée torturent, humilient des prisonniers et tuent. Quoi ? La guerre en Irak n’est pas propre ? Mais les précédentes l’étaient-elles ? On se retrouve à essayer d’avaler la même pilule que celle servie par nos JT pendant le conflit en ex-Yougoslavie avec son concept de guerre propre à grands renforts de frappes chirurgicales qui épargnent les civiles. Et comme ce n’était pas vraiment au point, il a fallu inventer les dommages collatéraux pour rester clean. Non, ça ne passe pas.
Ces dernières années j’ai souvent été déçue par des films annoncés comme politique ou polémique, les Lord of war, Blood diamond par exemple et j’ai eu aussi de bonnes surprises avec Thank you for smoking ou Syriana. A chaque fois, j’ai fait le même constat. Dès lors que le scénario court deux lièvres à la fois, la démonstration perd de sa force et est noyée sous la fiction qui devait s’effacer à son profit, n’être que son support.
Voilà pourquoi, à mon avis, Peter Berg est vainqueur par KO.
PS : le film La Guerre selon Charlie Wilson réalisé par Mike Nichols fait partie des bonnes surprises. C'est drôle. C'est effrayant. Une clef de plus pour comprendre le rapport complexe des gouvernants (du peuple ? Peut-on généraliser ?) américains avec le reste de la planète et l'histoire de leur nation.
3 commentaires:
un vrai chef d'oeuvre ce blog!! bon j'ai du mal à tout lire!!! mais super interessant!!
Oui, oui, je vois, tu as raison dans ton analyse...
Ne se prononce pas sur la comparaison entre les 2, n'ayant pas vu le royaume.
Par contre le côté moralisateur ancien vétéran versus nouveau soldat ne m'étonne pas... film pour faire réfléchir les ricains qui ont une mémoire assez courte sur l'histoire et qui n'ont pas le principe d'autoflagellation franchouillard.
Comdichou : tu as un fan club tu as vu :-))
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