mardi 4 janvier 2011

"La mise à nu des époux Ransome" de Alan Bennett - Editions Denoël & d'Ailleurs



C'est toujours un peu la même chose avec le roman anglais. Il est souvent chaudement recommandé, humour so British oblige... On le cherche parfois et quelques pépites made in Nick Hornby ou P.G Wodehouse émergent. Mais pas tant que ça, au final. En lisant "la mise à nu des époux Ransome", ce n'est pas tant la rigolade en cascade laissée sur le bord de la route qui frappe, mais son histoire minimale, voir minimaliste. Un soir, les Ransome rentrent après une soirée à l'opéra comme ils ont eu l'occasion d'en passer des dizaines. Sauf que cette fois, dans leur appartement, il ne reste plus rien. Mais alors vraiment plus rien. Plus une petite cuillère, pas un slip, plus le moindre meuble ni même une brosse à dents. Rien.

Passé le choc, le couple réorganise sa vie comme il peut. Pas trop vite, et mieux au goût de Mme Ransome qui découvre là le prétexte à remettre en cause sa vie, ses envies... Imperceptiblement, d'abord. Puis grandit résolument son désir d'autre chose, d'autrement... Alan Bennett ne s'embarrasse pas des fioritures, il décline les responsabilités par petites touches, par ces menus détails qui font mûrir la réflexion de Mme Ransome, mais à l'anglaise. Subtile, délicate... sans heurter, sans surtout faire de vague. Sans contrarier l'intraitable M. Ransome, souple comme un bretzel et avenant comme une eau glaciale pendant une douche du matin. Madame avance, s'ouvre et sourit tandis que Monsieur, rigide et monomaniaque de la chaîne Hi-Fi, est toujours égal à lui-même. L'écart se creuse, irrémédiable. Et peu importe les raisons et les explications apportées à ce cambriolage, les rêves se nouent pour que la vie (re)commence...

Ce court roman tout simple se lit comme la chronique d'une fin annoncée. En spectateur, l'envie nous prend parfois de secouer nous-mêmes le cocotier, de briser l'histoire de ce quotidien qui a tout bouffé. L'auteur est dans la tête et l'esprit de Mme Ransome qui s'est oubliée sur le bord de la route de la vie. Un livre ô combien pessimiste qui paradoxalement fait oeuvre de salubrité publique. Simplement.

3 commentaires:

Joelle a dit…

Je l'avais noté il y a un moment mais à l'époque, il était en commande à la biblio. Depuis, j'ai oublié de vérifier s'il était dispo alors ton billet est une piqûre de rappel ;)

cathulu a dit…

j'ai nettement préféré celui avec la reine d'Angleterre!

LVE a dit…

< Joëlle : et ça fait mal ??
< Cathulu : je ne connais pas, je vais fouiner...