lundi 28 septembre 2009

"Le coeur en dehors" de Samuel Benchetrit - Editions Grasset



Charly, Charles pour les non initiés, est un ado intelligent et rêveur, mais pragmatique. Il habite la banlieue parisienne, celle que l’on dit coriace, et y déambule comme un poisson dans son étang. Aucun de ses recoins ne lui échappe. Une mère malienne qui a son petit boulot de pas grand chose, un père parti depuis des lustres, un frère multi-drogué tendance non-retour et c’est la vie qui roule comme si de rien n’était… Puis un jour, depuis l’escalier de sa tour, Charly aperçoit sa mère emmenée par la police. Des regards juste échangés à la va-vite et la vie du petit bonhomme bascule du côté de l’école buissonnière. Histoire de comprendre ce qu’il s’est passé, il part toute une journée à la recherche de son frère trop absent, Henry, pour le prévenir.

Le cœur en dehors est peut-être une trop belle errance. Celle de Charly traversant sa ville, ses no man’s lands à la rencontre des fantômes qui la hantent, ceux qui ne font peur qu’à ceux qui ne vivent pas là. L’adolescent raconte son épopée au lecteur avec ses mots à lui, son esprit vif, sa vision du monde qui l’entoure. Samuel Benchetrit réussit ce tour de force d’être Charly, d’imprégner le vocabulaire d’images vivaces, d’expressions du gamin qui nous font résolument plonger dans une banlieue d’aujourd’hui avec des copains de son âge, ses rêves de grandeur, sa poésie, ses amours naissantes... Avec un peu trop d’angélisme, parfois, mais aussi avec cette dureté d’un monde oublié, juste derrière le périphérique parisien.

Mais l’on fini par se demander si ce nouvel opus de l’auteur qui fait une pause dans l’écriture de ses Chroniques de l’asphalte, ne fantasme pas trop les lieux qu’il décrit, s’il ne fait pas la part trop belle aux sentiments beaux et nobles. Et puis non, demeure l’idée que l’âme de notre monde peut encore être sauvée. Mais qu’il ne suffit pas de le rêvasser la bouche en cœur…