lundi 28 avril 2008

"Et si c'était niais ?" de Pascal Fioretto - Editions Chiflet & Cie


Un pastiche. Avec deux glaçons. Pascal Fioretto, avec Et c’était niais ?, n’y va pas avec le dos de la cuillère. Pour son ouvrage dont l’histoire est anecdotique (la rentrée littéraire approche, tous les écrivains d’une même maison d’édition disparaissent un à un, l’inspecteur mène l’enquête…), l’auteur a convié pour chacun des chapitres un auteur reconnu dont il s’amuse à décortiquer le style, les gimmicks et quelques apparences (pas si trompeuses). C’est ainsi que l’on voit débouler, dans l’ordre, Denis-Henri Lévi, Fred Wargas, Marc Levis, Mélanie Notlong, Pascal Servan, Bernard Werbeux, Jean d’Ormissesson, Jean-Christophe Rangé, Frédéric Beisbéger et Anna Galvauda, partie intégrante d’une histoire à dormir debout dont ils sont les protagonistes moqués et les auteurs pastichés pour le régal des zygomatiques.

Parce qu’il faut bien l’avouer, on rigole franchement de ce feu d’artifice où se mélangent et se côtoient quelques auteurs-stars du monde de l’édition d’aujourd’hui. En reprenant à son compte leurs façons reconnaissables (et inimitables ?) entre toutes d’écrire, l’image qu’ils véhiculent d’eux-mêmes, Pascal Fioretto est irrévérencieux, intelligemment taquin et peut taper là où ça fait (un peu) mal. Pour en rire. On découvre, s’il en est besoin, un Denis-Henri Lévi arrogant et prétentieux, accrochée à une conscience exacerbée de sa magnificence, une Christine Anxiot hystérique (sic) pour une cartouche d’imprimante qu’elle souhaiterait changer, une Mélanie Notlong en prise avec le… pourri, Fred Wargas qui offre au livre son héros, le commissaire Adam Seberg résolument perturbé par son passé, Jean d’Ormissemon jouant au jeune ou encore Anna Galvauda plongeant le roman dans la pauvreté, pataugeant dans le sordide. Bref, nous ne sommes pas perdus.

Dans tout ce mic-mac, l’enquête menée est cohérente dans son peu d’intérêt. Elle laisse toute sa place aux écrivains-invités contre leur gré. Pas besoin d’être un spécialiste (re)connu mondialement de chacun d’entre eux. Il suffit de se laisser porter, puisque au-delà du plaisir de découvrir les différents styles derrière lesquels se cache Pascal Fioretto, se camoufle également l’envie de voir triturer les égos démesurés de certains, avec une certaine méchanceté jouissive, mais surtout avec une certaine lucidité mâtiné d’un don de l’observation et de l’adaptation remarquable. On reste admiratif du travail d’orfèvre mené par l’auteur. On s’extasie. On ricane. On se moque. On se régale.