vendredi 18 juillet 2008

"Garden of love" de Marcus Malte - Editions Zulma




Il y a un monde entre deux mondes. Réalité. Fiction. Fiction. Réalité. C'est entre ces extrêmes que l'inspecteur Alexandre Astrid navigue comme une âme sans âme au bord du précipice. Un naufrage personnel et affectif. Professionnel et alcoolique. Une fin de tout qui ne demande qu'à basculer vers l’irréversible. Un de ces moments « rêvés » pour qu'un manuscrit dont il ignore l'auteur et la provenance débarque dans sa vie en passant en revue son histoire : de son adolescence à sa vie d'homme, et de père. Il faudra à l'inspecteur Astrid une bonne dose d'amertume et d'incompréhension pour voir surgir le passé blessant et ses fantômes par trop accaparants.

Marcus Malte a décidé de perdre le lecteur, pour son bien. Brossant une vie mal fichue, faite de silence, d'oubli, de conscience perdue, il soudoie la logique au profit de chausse-trappes où l'on se noie avec délectation. Le malin-plaisir de l'auteur à voyager dans le temps et l'espace offre aux chapitres une virtuosité bancales, des images et des atmosphères permettant à ses personnages de grandir peu à peu sous nos yeux conquis. On chasse le Double, on suit une pute, des soeurs, un criminel et des amours de jeunesse livides dans un désordre ordonné. Un style soigné, direct et une histoire maîtrisée de bout en bout justifie à eux seuls, sans peine, le voyage initiatique vers une aube peut-être apaisante, mais plus sûrement pesante. Un voyage en Première Classe.