mardi 3 novembre 2009

"Exit le fantôme" de Philip Roth - Editions Gallimard


Quelque chose m’a sûrement échappé. C’est le sentiment étrange qui m’a traversé alors que je terminais à peine la lecture du nouveau roman de Philip Roth, « Exit le fantôme ». Dans ce nouvel opus qui met en scène les affres de Nathan Zuckerman, son personnage fétiche et accessoirement son double puisque dans la vie qu’il invente (?) Nathan est écrivain, Philip Roth installe son livre juste à la veille de la réélection de Georges W. Bush en 2004. Nathan Zuckerman a 71 ans, il est usé, un peu malade et de passage à New York pour des examens médicaux après plusieurs années en dehors du monde des villes, presque loin, dans le Massachusetts, où il vit de plus en plus difficilement l’écriture de son œuvre, mais surtout sa santé déclinante de vieil homme.

Là, confronté aux bruits de la ville, à sa frénésie, il en retrouve peut-être le goût. Celui des envies, de l’observation, des joutes verbales, de la réflexion, des souvenirs et… des femmes, bien sûr. C’est en effet au contact de Jamie, la trentaine, mariée, que Zuckerman voit ses sens aujourd’hui inexistants retrouver de l’appétit. Contraint physiquement à une relation platonique, il fantasme ses dialogues avec elle, puisant dans son âme d’écrivain qui ne se refait pas, l’inspiration. En éveil, il côtoie aussi son passé en la personne d’Amy, une rencontre de jeunesse, elle qui fut la compagne de E.I. Lonoff, l’écrivain que tout jeune homme Zuckerman vénérait. Il rencontre également Kliman, un homme par trop envahissant qui veut écrire une biographie de Lonoff pour y révéler son terrible secret. Un personnage dans lequel le narrateur se voit sûrement un peu lorsqu’il était plus jeune.

Philip Roth mêle dans « Exit le fantôme » ses angoisses d’homme en déchéance physique, son interrogation quant à une œuvre qui se perpétue dans l’Histoire, cet air contrit qu’il arbore quand il décortique si bien l’Amérique avec son regard impitoyable, les amours déchues, le sexe en berne… Et puis bizarrement, autant ce qui pourrait rebuter (le livre débute par une description minutieuse et médicale des inaptitudes physiques de Zuckermann) m’a touché, autant les dédales menant à l’amour contrarié pour Jamie ou ces rencontres avec Amy et Kliman m’ont laissé un peu de marbre. Ces dialogues que Zuckermann réinventent avec Jamie m’ont semblé si fades. On se dit que, peut-être, nous sommes là dans l’essence de la vie qui s’achève, dans l’extrême dénuement des mots qui ne mentent plus et que cette fadeur est la compréhension de nous mêmes. Un brin de sagesse ? On s’ennuie un peu en lisant ce livre, au final. Mais peut-être suis-je encore trop jeune pour comprendre ?