dimanche 19 septembre 2010

"Apocalypse bébé" de Virginie Despentes - Editions Grasset



Un sentiment étrange me triture le neurone alors que je viens de terminer la dernière livraison de Mademoiselle Despentes. Ai-je aimé, ou pas ? Parce que cette disparition du jour au lendemain de Valentine, adolescente mystérieuse, est un prétexte. Un prétexte pour l'auteur d'Apocalypse bébé à s'adonner à une série de portraits typés de ses personnages, comme les ingrédients d'un plat réalisé avec une belle application mais qui manque un peu de la saveur de l'étonnement, de la surprise voire du suspens. On croise ici un improbable duo de détectives privés au féminin, où l'une est lesbienne revendiquée au caractère bien trempé surnommée la Hyène, et l'autre est une femme à la recherche d'elle-même. L'on découvre ici la famille de la « disparue » (un père écrivain célèbre, une belle-mère, une grand-mère), une mère biologique, de la crapule... Chacun, à chaque chapitre, a son histoire personnelle racontée, a son portrait imbriqué dans le scénario de cette éperdue recherche de Valentine, entre Paris et Barcelone.

On s'intéresse certes à tous ces personnages qui se veulent représentatifs des strates bien formelles de la population (les célèbres, les riches, les nantis, les opportunistes, les abandonnés, les ambitieux, les losers, les homos, les religieux, les petites frappes...). Tous ont droit à l'attention de l'auteur. Mais reste l'impression, qu'en somme, on assiste à un panorama au casting étudié de notre époque qui voudrait afficher ses subversions et ses transgressions. Tout concourt à faire de cette histoire une mécanique bien huilée dont on ne ressent pas tellement l'envie de faire partie. On ne se sent jamais proche de ce monde décrit, on reste le spectateur un peu exclu de ce militantisme de la vie hors-normes sous toutes ses facettes et peut-être, au fond, caricatural. Je ne sais pas. On pressent, plus la fin approche, la descente aux enfers et le basculement un peu facile vers quelque chose d'irrémédiable. C'est narratif, travaillé et maîtrisé... Mais je trimballe le sentiment que l'image rebelle, combattante et revendicative de Virginie Despentes, que je lisais pour la première fois, n'était qu'une vieille photo un peu jaunie. Alors quoi ? J'ai sans doute aimé cette histoire, mais je n'aime pas l'avoir un peu oublié.

6 commentaires:

Wictoriane a dit…

avec un titre pareil "apocalypse", que veux-tu qu'il reste ? :)

Ys a dit…

On passe pour un has been quand on dit qu'on n'aime pas Virginie Despentes, c'est branché... moi, ça m'agresse d'une certaine façon et surtout, la vie de tous ces gens ne m'intéresse pas et le style m'horripile.

Joelle a dit…

Je n'ai jamais lu cette auteure et ce titre me tentait vaguement mais uniquement en emprunt à la biblio ! Le côté "à la mode", avec la juste dose de provoc, me dérange toujours un peu !

doriane a dit…

Par curiosité je lis ton billet, ben du coup : plus du tout envie de lire le livre... Merci ;-) ma LAL diminue !!!

Restling a dit…

Il est dans ma PAL, je vais bientôt pouvoir me faire ma propre idée. Il semble susciter des avis assez variés.

LVE a dit…

< Wictoria : ah oui, maintenant que tu en parles tout s'explique...
< Ys : le style ne m'a pas gêné. Je ne savais même pas que c'était branché de lire V. Despentes. Il faut que je sorte plus dans les soirées "champagnisées"...
< Joëlle : attends tranquillement de l'emprunter à la bibli, oui.
< Doriane : j'espère que V. Despentes n'est pas à ma recherche maintenant !
< Restling : c'est plutôt bon signe qu'un livre ne suscite pas l'indifférence...