mardi 24 août 2010

"Un jour de mai" de George Pelecanos - Seuil Policiers


Mai 1972. Une journée à la con, trop chaude... Une journée à faire des conneries par désœuvrement. Une journée qui laissera des traces indélébiles. C'est ce jour où trois jeunes blancs roulent dans leur voiture pour faire du genre et débarquent dans le quartier noir de la banlieue de Washington. Un peu de provocation, un peu d'insouciance et un peu d'inconscience pour faire vibrer l'échine. Forcément, cela tourne mal. Un mort par balle, un fuyard, un marqué à vie sur sa chair, un meurtrier, des complices. Un procès... Puis le silence des années qui passent. Trente cinq ans plus tard, les héros malgré eux du fait divers sont des adultes. Père de famille, losers, médecin, homme d'affaires... chacun des protagonistes a tracé sa route à l'aune du drame, avec cette séquelle dans la tête, cette envie d'en découdre, d'en finir avec ce poids mort qui les hante malgré tout, malgré les apparences.


George Pelecanos est de ces écrivains américains qui racontent brillamment l'Amérique par le petit bout de la lorgnette : ses fêlures, ses errements et ses luttes contre elle-même. Au travers du parcours de ses personnages, il brosse un portait précis du « petit » peuple, avec son histoire quotidienne qui fait l'Histoire de l'Amérique des dernières décennie. L'auteur nous ballade visuellement entre les années rock n'roll et les années disco, entre communauté et individualisme, entre Vietnam et guerre d'Irak, entre délinquance et rêve américain, entre descente aux enfers et rédemption, entre riches et classes moyennes, entre lutte et abandon... Pelecanos a parfois cette naïveté agaçante, toute américaine, que les choses doivent nécessairement s'arranger parce qu'il faut avancer, que la force de son pays réside dans sa capacité à cautériser les plaies pour être un Homme presque neuf qui sauvera son âme plus tard devant ses Juges. « Jour de mai » est un plongeon dans une Amérique loin des strass et des paillettes, qui vit sa quête du meilleur avec cette douleur latente d'une envie de lendemain qui chante. Entre résignation et espoir, ce livre maîtrisé martèle sans cesse que rien n'est tout à fait définitif, que le happy end en technicolor est toujours possible... Toujours en empathie, on en sourit en coin avec le secret espoir qu'il ait raison.

7 commentaires:

zarline a dit…

Un billet qui donne très envie même si cette surdose d'optimisme pourrait peut-être me gêner.

May a dit…

trop d'optimisme nuit à la crédibilité mais peut faire du bien
et ce livre recèle de nombreuses autres qualités, semble-t-il
je ne connaissais pas cet auteur.

LVE a dit…

< zarline : on reste tout de même impressionné par cette capacité qu'on les auteurs américains à rendre leur histoire, si spécifique, universelle...
< May : ah oui, de nombreuses autres qualités, c'est certain.

Joelle a dit…

Tiens c'est le 2ème billet que je lis sur ce titre et qui parle d'un excès d'optimisme (enfin, pas exactement en ces termes mais l'idée est là !). Je l'ai quand même noté car je ne connais pas du tout cet auteur !

Restling a dit…

Je ne connais pas encore l'auteur et il faut absolument que je le découvre !!! Je vais aller potasser sa bibliographie.

LVE a dit…

< Joelle + Restling : oui, je crois tout de même que cela vaut vraiment, mais alors vraiment, le coup !

Jérôme a dit…

J'ai lu tous les livres de Pelecanos et il donne l'impression d'écrire toujours la même chose sur les mêmes thèmes mais j'avoue que ça ne me gêne pas et j'adore le retrouver une fois par an !