mercredi 11 juin 2008

"Vous descendez ?" de Nick Hornby - Editions Plon

Drôle d’endroit pour une rencontre. Ils sont quatre. Trois Anglais, un Américain. Alors que Noël approche, Martin, Maureen, Jess et JJ débarquent en même temps, sans se connaître, sur le toit d’un immeuble de quatorze étages afin d’en finir avec la vie. Sauter dans le vide. Au-delà du grotesque de la situation pour chacun, il reste les bonnes (ou mauvaises) et/ou obscures raisons de leur présence ici, à ce moment-là. Martin, vedette de la télé, est un homme et un mari fini depuis que la presse s’est emparée de sa faute avec une adolescente d’à peine 15 ans tandis que Maureen, elle, épuisée, scrupulise encore d’abandonner ce soir-là son fils handicapé. Jess, à peine majeure, gouailleuse et provocatrice à souhait, s’est quant à elle fait larguée après une aventure d’un soir alors que JJ traîne encore sa non-carrière de rock star tuée dans l’œuf. Ils sont tous là, gênés, presque ridicules, sans véritable envie de se jeter par-dessus bord au bout du compte. Ils en conviennent puis se séparent en décidant de se retrouver plus tard, pour la prochaine Saint-Valentin, afin de faire le point sur leur envie de suicide.

Pour le coup, Nick Hornby a l’ingéniosité du pitch alléchant, celui que l’on voudrait tous avoir en magasin. Seulement c’est lui l’auteur, le malin et le chef d’orchestre d’une fable d’aujourd’hui… celle des contingences, de la conformité, des non-dits, des secrets de famille, des ambitions ratées, des enfances perdues, des rêves brisés, de l’ennui, du monde tel qu’il est avec l’impitoyable et imperturbable sablier du temps… L’auteur s’accapare ainsi chacun des personnages pour être eux à tour de rôle. Virevoltant de l’un à l’autre, Hornby devient Martin, Maureen, Jess et JJ à chaque début de (courts) chapitres. Il narre, il explique, il justifie ses personnages ni forcément sympathiques ni forcément intéressants ni forcément touchants, prenant constamment le lecteur par la main, sans possibilité de s’évader, de lire entre les lignes, sans pouvoir profiter des points de suspension, sans permettre au lecteur dès lors devenu passif comme devant sa télévision, de s’approprier ce livre. En maîtrisant totalement son récit, c’est un comble, l’auteur phagocyte notre latitude à imaginer et à nous balader dans nos travers d’Homme. Alors que l’on voudrait gambader le nez au vent dans les affres de nous-mêmes, on se retrouve installé trop confortablement dans le canapé du psy en baillant parfois. Souvent, même, finalement.


Le site : Nick Hornby

9 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai bien aimé mais j'ai trouvé qu'une fois l'histoire en place les personnages tournaient un peu en rond. Mais c'est un auteur très sympa pour des lectures qui détendent !

Anonyme a dit…

J'ai lu plusieurs trucs récemment où j'ai noté cette tendance à tout sur-expliquer... et ça a tendance à m'énerver!!! Mais l'idée de base est définitivement intéressante!

Anonyme a dit…

je l'avais bien aimé celui-là ! ils sont touchants, énervants, mais je m'y étais attachée à ces quatre là. Et si ma mémoire est bonne, quelques phrases d'humour très second degré m'avaient bien fait rire. Pas transcendant, oui, un peu lassant au bout d'un moment et surtout très convenu finalement, mais j'en garde un bon souvenir.

Anonyme a dit…

Ton billet me le confirme, je n'ai plus envie de lire Nick Hornby. Je trouve que depuis quelques livres cet auteur tourne un peu en rond. Et ce n'est pas Slam, son dernier opus, qui va me faire changer d'avis...

Anonyme a dit…

< Lou : à vrai dire, la lecture m'a un tantinet crispé...
< Karine : J'étais emballé par le principe de départ du livre, mais bon, le résultat...
< Amanada : on m'avait prévenu : tu vas rigoler. J'attends encore.
< Emma : J'ai été tenté par "Slam" environ 3 centièmes de seconde, au final.

Louis a dit…

Dommage, ça semblait prometteur.

Anonyme a dit…

le seul de Hornby que j'ai réussi à finir, son dernier roman me fait envie quand je lis le résumé mais comme je n'aime pas son écriture , j'hésite

Anonyme a dit…

< Pom' : peut-être ne faut-il parfois pas se forcer...

Anonyme a dit…

Après celui dont tu parles et quelques pages du "Slam"...j'arrête Nick Hornby. La coupe est pleine.
En fait, je crois qu'il n'y a que High Fidelity (et Carton Jaune?) dont je veux me souvenir.