mercredi 25 juin 2008

"Le tri sélectif des ordures" de Sébastien Gendron - Bernard Pascuito Editeur

Sa petite entreprise ne connaît pas la crise. Quand Dick Lapelouse s’installe à Bordeaux, c’est pour une nouvelle vie. Il va voir son banquier, négocie son emprunt comme tout le monde et installe son petit bureau de jeune chef d’entreprise, motivé, accompagné de l’inévitable prospectus publicitaire vantant ses mérites hors normes. Dick a opté pour ce qu’il sait faire de mieux, le plus simplement du monde avec le détachement nécessaire pour qu’une affaire tourne à merveille : tuer. Mais pas n’importe quel tueur, un spécialiste, un tueur à gages qui œuvre à prix discount à partir d’un catalogue compilant ses différents types de services, de l’assassinat le plus simple au plus élaboré, jusqu’à la disparition des corps. Je me suis fait tueur à gages le jour où je me suis aperçu qu’enviander un individu dont je ne connaissais ni la provenance ni la descendance était aussi pénible pour moi que de courir trente mètres pour attraper un autobus. Tout est dit.

Sébastien Gendron s’amuse à nous trimballer dans son univers barré où l’invraisemblable joyeux côtoie une réalité crue. A l’affût du client quel qu’il soit, sans distinctions socio-professionnelles, son héros à la morale paradoxalement tenace et tatillonne accueille le chaland avec le sérieux qui ferait passer le contrat de confiance d’un grand distributeur pour un chèque en blanc. Parce qu’en signant avec Dick Lapelouse, toujours à l’écoute attentive des desiderata de ses clients, on soigne proprement mais définitivement ses ennemis et autres arrogants à la petite semaine pollueurs de vie. Un travail bien fait qui satisfait tout son monde. Ou presque.

Le tri sélectif des ordures est drôle, écrit avec la légèreté des emmerdements qui s’annoncent, sans la peur des phrases balancées, méticuleusement imagées, infiniment sanglantes et résolument réjouissantes pour qui le petit commerce est l’avenir de l’homme dans un capitalisme de bon aloi. On pourrait s’insurger, on préfèrera nettement en profiter le sourire aux lèvres. Puis finalement, qui n’a jamais rêvé de se débarrasser de son chef de bureau ?

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le titre est magnifique. Décidément, après "La collecte des monstres" (Emmanuelle Urien, Gallimard), les éboueurs débarquent dans la littérature !