jeudi 14 février 2008

"Un vrai roman - Mémoires" de Philippe Sollers - Editions Plon

Si on m’avait dit un jour que je lirais du Sollers... Philippe Sollers. Il faut dire que la réputation qui précédait l’homme et ses prestations médiatiques n’avaient jusqu’à présent pas vraiment titillé ma curiosité. Avec la sortie de ces Mémoires, un je ne sais quoi d’attirant, d’irrémédiable, me prit pour la lecture, au final, de 349 pages d’autocongratulation. Parce que ne nous y trompons pas, Sollers demeure son meilleur impresario afin de nous refourguer à haute dose l’ensemble de son œuvre.

Pourtant, l’ouvrage débute comme toutes bonnes Mémoires qui se respectent avec une naissance (dans les faubourgs immédiats de Bordeaux), une enfance chétive, une adolescence…et des premiers pas d’adulte. A peine moins que la moitié du livre. Puis vient la Littérature. Son Milieu. Ses Codes. Ses Auteurs. Ses quelques Génies. Et quelques Abrutis. Dans ce monde-là, l’auteur navigue le regard et le sourire en coin, le stylo prêt à être dégainé et suffisamment d’immodestie pour noyer l’attrait que l’on pourrait avoir pour ses quelques frasques et pensées. Revendiquant sa bourgeoisie à une époque où il était de bon ton d’être un écrivain qui crève la dalle, Sollers brille, agace tout en portant sur lui fièrement l’arrogance de ses certitudes. Forcément, ça trouble le quidam. On ne saura pas grand-chose de sa vie, la vraie, de ses amours (une femme, une maîtresse pour la vie), voyageant de Venise à Barcelone en passant par l’Ile de Ré, parlant le chinois et l’italien (et le latin), vénérant Nietzsche et brocardant les nouvelles générations d’écrivaillons afin de s’extraire lui-même de cette masse qu’il considère comme indigne de lui. Même les grands écrivains qui croisent sa route n’ont droit qu’à des portraits, des impressions seraient plus juste, d’une, deux ou trois lignes. Frustration.

Arrogance, disais-je, mais aussi les maux de la digression et des jugements qui n’en finissent plus pour s’installer sur la table de l’ennui, entre 18ème siècle et 11 septembre 2001. S’ensuivent, parfois, les listings qu’il adore et justifie de quelques mots (le nom des peintres et les titres des œuvres figurants sur les éditions de poche de ses livres, les premières phrases de ses livres et même les exergues des premières pages…). On se fatigue vite de ces listes de courses. Puis cette manie : si vous ne comprenez pas ce que je dis, lisez tel de mes livres, si vous voulez en savoir plus, lisez celui-là… Tiens puis celui-là vous ferait du bien, oh, et celui là qu’est-ce qu’il est bon, « c’est moi qui l’ai fait »… Des Mémoires-sandwiches, en somme. On se demande même, parfois, si l’éditeur (Plon) a osé relire et faire des remarques sur le manuscrit quand, à deux reprises, Sollers raconte que c’est grâce à son aimable intervention dans un avion qu’Antoine Gallimard oeuvra pour la publication de Sade dans La Pléiade ou encore lorsqu’il affirme qu’il faut commencer à apprendre le chinois à 9 ans précisément. Curieux.

Bref, Sollers est à l’image… de son image, alors qu’on l’aimerait plus détaché de son nombril, plus simple, plus direct, plus émouvant et sans doute plus humain… Le style, même brillantissime, ne fait pas tout, et la lecture de ce livre laisse la bouche pâteuse. Il nous laisse (trop) souvent abandonné et moribond, sur le bord de la route. L’écrivain et l’homme restent dans leur inaccessible monde. Seule me reste, comme indélébile, cette métaphore qu’il reprend à son compte : « Quand je dis ne rien faire, c’est dans le sens chinois : ne rien faire, mais que rien ne soit pas fait ». Et rien que pour ça…



Site : http://www.philippesollers.net/

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Deuxième avis plutôt négatif que je lis sur cette bio... de toute façon je n'ai jamais lu ses livres (mais, au fait, esct-ce qu'ils valent le coup, eux ?)

Anonyme a dit…

< Amanda : Je ne crois pas que je tenterais l'aventure d'en lire d'autres, en tout cas.

Wictoriane a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Wictoriane a dit…

Je m'insinue...pour te refiler un truc bien peu passionnant...mais si tu pouvais le faire quand même, pour le fun : c'est ici !

Anonyme a dit…

brrrr on ne peut pas dire que cela fasse vraimetn envie :-)))

Anonyme a dit…

Je vous dis merci pour m'avoir fait sauver un temps précieux!

Accent Grave